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Un web durable, c’est quoi, ce truc ?

Les standards permettent la mise en place d'un web durable...

Dernière mise à jour juillet 23rd, 2016 à 16:07

Viabilité VS Durabilité

Pour commencer, au terme français "durable", je préfère de loin la version anglaise qui parle de "soutenable" (sustainable). Là où le terme durable met en avant l'idée de permanence, le terme soutenable fait prévaloir l'idée de viabilité. Et je trouve pour le coup, que l'idée de viabilité est bien plus en accord avec tout ce qui touche aux technologies de la communication et en particulier au web.

La question n'est pas de savoir si ça va durer, mais bien de savoir si tout le monde pourra y accéder, quelque soit l'endroit et le support et si la transition vers d'autres technologies à venir se fera sans heurt.

Car, face à la pléthore de supports, de résolutions que le présent nous fournit, et que l'avenir nous promet, un travail sur les standards est indispensable. Le W3C y veille. Mais il en est de la responsabilité de tous de faire en sorte que :

  • les standards soient libres et ouverts
  • les standards soient respectés et utilisés de la bonne manière
  • les standards soient promus par les professionnels (responsables de leur transmission)
  • les standards soient améliorés en permanence par la volonté de ceux qui créent le web (et plus largement les technologies)

Un standard, c'est quoi ?

On entend parler de standard, mais ce mot est soit lointain en terme de signification profonde, soit totalement péjoratif et porte en lui l'idée d'étiquette, de mise dans des cases, etc.
Or, nous sommes entourés de standards : on roule à droite, point bleu pour l'eau froide, rouge pour l'eau chaude, une enveloppe en icône pour le courrier (électronique ou pas), le rouge danger, le vert sécurité, le noir problème. Chaque corpus de métier ayant ses propres standards, certes. Mais lorsqu'on parle de web, on parle de communication, de transmission, de savoir, de fluidité, de flexibilité, d'universalité.

Et l'universalité passe forcément par l'adoption de règles communes en terme de communication (pas de comportement, juste de communication).

C'est dans le choix du matériau avec lequel on construit le web que se pose le problème du standard. Il y a plusieurs niveaux :

  • l'infrastructure : les serveurs qui tendent à être de plus en "verts" est un bonne chose même s'ils n'ont pas forcément tous les mêmes architectures (serveurs windows, linux, etc...)
  • le langage de programmation du site (dépendant du choix du serveur au départ)
  • utiliser les standards de rendu : html5, css3, javascript, etc...

Des standards solides pour un web résistant

Les standards sont d'une importance capitale. Identifier une issue de secours, une alarme incendie, etc... L’iconographie y est pour beaucoup dans notre capacité à reconnaître où que nous soyons, tel ou tel symbole. Et je vois venir d'ici les critiques : c'est la fin de l'innovation, la fin de la créativité, si l'on s'enferme progressivement dans ces standards... Le web va se scléroser... Bien au contraire.

La règle des standards pour la création web est comparable aux règles de musique qui dictent la mise en place des notes sur une portée.

Il y a le support (le papier avec la portée : le serveur), son architecture (clé de sol, de fa ou d'ut, mesure du temps : Linux ou Windows), le langage (les notes : php, asp, html, css, sass), le genre (baroque, rock, jazz : corporate, réseau social), la mélodie et les harmonies (le contenu, le graphisme), etc... Ajoutons à tout ça le lot infini de variations possibles, de pulsations, de contexte, etc... Et on obtient un web extrêmement créatif et renouvelé, malgré la présence de standards terriblement figés... Et que l'on joue la musique avec un groupe de rock, ou un philharmonique, la musique est là, la mélodie, l'émotion, le sens des phrases, etc... Il en va de même pour un site : qu'on le visionne sur son mobile, sur sa tablette, sur un écran de télé ou sur son ordinateur de bureau, le contenu est là, les visuels, les photos... Mais le tout repose sur une base extrêmement solide de standards qui ont évolué dans l'histoire. Cela fonctionne pour d'autres matières comme la linguistique, l'histoire (façon de classer, datation...), la science qui se fonde par période sur une théorie qui fait office de standard de base voué à évoluer, comme la théorie de la relativité, et j'en passe...

Des plugins ouverts...

Pour en revenir au web, l'exemple des plugins montrent à quel point le standard est incontournable. La durée de vie des plugins (flash, silverlight) est en effet (a posteriori) un bon indicateur de la nécessité des standards. En 2011, après quelques années de développement de Silverlight à avoir essayé de contrer le plugin Flash d'Adobe, finalement, Microsoft abandonne son plugin pour se recentrer sur les standards, et entre autres rendre ses navigateurs plus compatibles avec le web. Tant que Microsoft était hégémonique (et j'ai connu ça à mes débuts, et je vous parle d'un temps que la "génération des 2 pouces" ne soupçonne même pas...), on ne trouvait par exemple de <marquee> que sous ie 3 : sous Netscape 2.0, il fallait coder un javascript de derrière les fagots pour obtenir ce merveilleux effet de texte qui défile... Ô tempora, ô mores !

Le virage d'Adobe avec Flash est emblématique d'une entreprise qui a su, alors qu'elle proposait un langage propriétaire phare avec Flash, se recentrer sur les nouveaux standards, le html5 et le css3, imposés en quelque sorte par Apple et surtout Jobs qui ne voulait pas de Flash, et a su organiser toute sa politique autour de la formation à ces nouveaux standards, adaptant ses suites (dreamweaver en tête) à ces nouvelles normes. Flash ne devenant plus que ce qu'il n'a jamais été dans le fond : un plugin. Exit les sites full flash. Si on veux voir un site sur un smartphone, il ne doit pas être en flash.

Si vous souhaitez un site en 2014, évitez un professionnel qui vous proposerait encore de vous faire un site avec du flash... Privilégiez plutôt celui qui vous proposera un site en html5, css3, et si possible en responsive. Comme moi, par exemple 😉

Vu qu'on est sorti de ces époques d'hégémonie à la Microsoft, et même si des géants se font encore la guerre, comme Google ou Facebook, il ne se la font plus sur le terrain du matériau, mais sur celui de la philosophie et du moyen et pour le coup œuvrent à la mise en place de ces standards qui leur permet d'envisager le web comme une partition dont il seront les compositeurs. C'est là qu'intervient cette notion de web durable. On a tout intérêt à être vu ou entendu par tous, quel que soit le terminal, et partout quel que soit l'endroit et c'est à cela que travaillent ces géants quand ils parlent de connecter le monde entier. Ils devraient reprendre les théories de Tesla pour cela, mais je m'égare.

La véritable question, est : est-ce que je veux créer un site qu'on pourra lire tel qu'il est aujourd'hui dans 30 ans, 50 ans, 3 siècles? Car la véritable question est là, dans ce paradoxe temporel :

En permanente mutation, les technologies, si elles veulent trouver leur écho dans le futur doivent se baser sur des standards pérennes

Des standards libres et ouverts assureront la pérennité des constituants du web

Après quelques années de vie et d'évolution du Html5, du Css3 (avec ses différents chiismes ou évolutions : Sass, Less, etc...), il faut continuer de penser en standards pérennes. C'est une nécessité. En 1997, lorsque j'ai installé ma première Mandrake (une 3.2 si mes souvenirs sont bons) sur un vieux PC, je me suis affranchi de toutes les frontières que m'avait jusque là imposées Microsoft, avec son windows 3.1, et ses premiers Windows 95... S'ouvrait alors un monde de possibles, basé sur une philosophie de langage ouvert, à partir d'un noyau Linux voué à évoluer, mais stable dans sa structure, et qui laissait deviner les prémices d'un temps dont nous venons de franchir le seuil après la première décennie de ce 21° siècle...

Si aujourd'hui nous bénéficions de suites libres du genre Open Office, d'Os libres du genre Ubuntu(Debian), du javascript porté partout, du java, de Firefox (le meilleur ! à télécharger ici), que le html5 s'est imposé, c'est parce qu'au départ une certaine idée du standard libre et ouvert portée par Richard Stallman, au travers des logiciels en ce qui le concerne, a pu se frayer un chemin au milieu des standards fermés et propriétaires que Microsoft, Apple et IBM tentaient d'imposer...

Je travaille sous Ubuntu (Linux), mon serveur local est un LAMP (Linux Apache MySql Php), mes travaux graphiques vectoriels sont faits sous Inkscape, les travaux graphiques bitmaps sous Gimp, je crée mes documents, pdf et présentations sous Libre Office (dérivé d'Open Office), je fais mes montages sonores sous Audacity... Si je faisais du Print en activité principale, pour des raisons de productivité, je serais obligé de passer la suite Adobe, et Mac ou Windows, mais je suis un web développeur, donc, j'en profite, et je cautionne le libre et l'ouvert à 100%, car...

Les standards libres et ouverts représentent les bases d'un web viable pour le présent, et pour le futur, fût-il lointain... Silverlight a vécu moins d'une décennie... Les standards ont l'obligation de la pérennité.

Et comme je le rappelle dans mon pied de page, la mise en place de ces standards, leur promotion et leur utilisation doit également s'accompagner d'une éthique, une éthique de celui qui fournit la portée, une de celui qui fournit la partition, une de celui qui compose le web, et une de celui qui écoute et qui partage. Le web est un écosystème, qu'il faut préserver, respecter au même titre qu'une planète fragile. Le web n'est que la mise en abîme d'un monde réel qui demande lui aussi la même attention et la manifestation d'une certaine philosophie et d'un certain sens des valeurs... A bon entendeur.

 

 

 Blog     samedi 07 juin 2014     Patrice Romevo

 

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